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Les stratégies d’investissement en bourse

Les différentes stratégies d'investissement en bourse
Les différentes stratégies d’investissement en bourse

Il existe une multitude de stratégies d’investissement qui sont aussi bien utilisés par les particuliers que les professionnels (traders, gérants de portefeuille, banques d’investissement, etc.). Je vous fais ici un tour d’horizon des principales stratégies et surtout je vous explique pourquoi les investisseurs particuliers devraient se focaliser sur l’investissement passif. Bien entendu, cette liste de stratégies n’est pas exhaustive et on peut très bien combiner plusieurs techniques en même temps.

Dernière mise à jour : novembre 2024

Sommaire

Introduction

Toute personne qui débute dans l’investissement boursier se demande quelles sont les prétendues bonnes valeurs à acheter. Tout le monde est aussi tenté par boursicoter, trader, tenter de dénicher les perles rares ou d’acheter au bon moment pour revendre ensuite plus haut. Pourtant, même si c’est difficile à accepter au début, l’investissement passif reste de loin la meilleure stratégie à adopter pour un particulier ordinaire, comme vous et moi. Je vous explique plus en détails pourquoi ici.

L’investissement passif : la stratégie à privilégier pour l’investisseur particulier

L’investissement passif consiste à investir son argent dans des fonds indiciels plus connus sous les noms de trackers ou ETF. Ces fonds indiciels ne font que reproduire bêtement et simplement la performance de leurs indices boursiers sous-jacents, en étant composés des mêmes actions ou divers produits financiers.

L’investissement passif aussi appelée gestion passive ne cherche pas à faire mieux que les marchés financiers. Elle s’oppose à la gestion active où les gestionnaires sélectionnent précisément les actions ou actifs à acheter, et tentent d’avoir de meilleures performances que les autres fonds. L’investissement passif s’appuie sur l’hypothèse de l’efficience des marchés financiers selon laquelle les marchés offrent les meilleures estimations des prix des actifs. Et aucun gérant n’est capable de « mieux prévoir » que le marché, sauf s’il a de la chance. Ainsi, les fonds performants le seraient surtout grâce au hasard… Cette hypothèse d’efficience des marchés est vérifiée empiriquement dans la plupart des marchés accessibles par les particuliers, notamment sur la plupart des actions de grandes entreprises.

L’investissement passif représente selon moi la meilleure méthode d’investissement pour un particulier pour les raisons suivantes :

  • Sur le long terme, vous serez gagnants en termes de performance financière. Ce fait est étayé par de nombreuses observations factuelles et de nombreuses recherches académiques.
  • Vous n’avez pas besoin de connaissance particulière. Il vous suffit de savoir quels sont les fonds indiciels intéressants et éligibles, puis d’acheter des parts.
  • Vous n’avez pas besoin d’y consacrer du temps : inutile de passer ses nuits à scruter les dernières informations financières, pas besoin d’avoir un écran sans cesse brancher sur la bourse.
  • Votre portefeuille boursier est diversifié à moindre frais. Pas besoin d’acheter des centaines de lignes différentes : un fonds indiciels regroupe à lui seul plusieurs dizaines, centaines voire milliers de titres d’entreprises différentes !

Toutes les études rigoureuses montrent que l’investissement passif est bien plus rentable que la gestion active sur le long terme grâce, entre autres, aux économies réalisées sur les frais de gestion : à long terme, (quasiment) aucun gérant n’arrive à surperformer les marchés, en tenant compte des frais de gestion.

N’hésitez à consulter ma page dédiée aux ETF ou trackers pour savoir dans quels fonds indiciels investir.

Si on voudrait résumer la gestion passive simplement : quand on ne sait pas quelle action acheter, il suffit de toutes les acheter via des fonds indiciels !

Précision : pour les plus puristes, il ne faut pas confondre gestion passive et gestion indicielle. En effet, sans entrer dans la technique complexe, sachez qu’on peut aussi faire de la gestion passive sans utiliser des fonds types ETF ou trackers. Mais pour le commun des mortels comme vous et moi, la gestion indicielle et la gestion passive sont bien souvent synonymes.

Quant aux inconvénients et aux risques associés à l’investissement passif : ils existent bien sûr, mais ils restent sujets à débats :

  • Tout d’abord, certains estiment que plus l’investissement passif se développe et moins les marchés seraient efficients, et donc l’investissement passif deviendrait alors risqué car les actifs seraient mal valorisés et sujets à d’importantes variations. La gestion active pourrait profiter alors de ces mauvaises valorisations pour surperformer la gestion passive.
  • L’autre risque est lié à l’émetteur du fonds indiciel ou du tracker : que se passe-t-il si jamais il fait faillite ? En réalité, ce risque reste limité pour plusieurs raisons :
    • Une faillite de l’émetteur ne signifie pas que les fonds ne valent plus rien car ils sont réellement investis.
    • Dans le cas d’ETF dit physiques, ils sont réellement investis dans les actions composant l’indice boursier. Si l’émetteur fait faillite, vous possédez toujours de « vraies » actions représentatives de l’indice, donc cette faillite ne vous impacte pas.
    • Dans le cas d’ETF dit synthétiques, il y a un mécanisme financier (appelé « swap ») qui implique un autre acteur financier qui peut faire faillite. Ce risque appelé risque de contreparties est quantifié et clairement affiché par les ETF. Mais il reste limité et inférieur à 10 % dans la plupart des cas (et même bien inférieur très souvent).
  • Il y a aussi un risque lié aux prêts de titres qui touchent à la fois les ETF physiques et synthétiques. Là aussi, ce risque lié au prêt est maintenu faible par les émetteurs, inférieur à 10 % voire bien moins.

C’est un vrai débat qui existe autour des risques associés aux ETF mais il est clair que ces risques sont incomparablement plus faibles à investir en stock-picking (c’est-à-dire choisir quelles actions spécifiquement acheter ou vendre). Je pense que le vrai risque le plus prédominant est surtout une crise financière majeure déstabilisant tout le système financier dans son ensemble ! Mais ça, il n’y aurait pas que l’investisseur passif qui serait durement impacté.

Hormis l’investissement passif, toutes les autres stratégies d’investissement sont dites « actives ».

L’investissement « value » ou basée sur l’analyse fondamentale

L’investissement « value » consiste à étudier les fondamentaux des entreprises (d’où le nom d’analyse fondamentale), à les comparer à des concurrents ou entreprises similaires, pour en déduire une valorisation boursière « théorique » et donc savoir si cela vaut le coup ou non d’acheter des actions.

L’analyse fondamentale se base sur des critères aussi nombreux que variés (chiffres d’affaires, croissance, différentes marges intermédiaires, etc.) mais aussi des ratios boursiers (résultats net sur valorisation boursière par exemple). Elle peut aussi prendre en compte les prévisions sur les années futures.

Il n’y a pas de règles stricte pré-définie pour l’usage et la pondération de ces différents critères. Donc chaque gérant fait l’analyse fondamentale qui l’arrange… et ce qui rend cette méthode subjective, avec de nombreux biais, voire même pseudo-scientifique.

Il n’y a aucun consensus scientifique sur l’utilité et l’efficacité de l’analyse fondamentale pour investir intelligemment et avoir des performances meilleures que le marché. En effet, les entreprises ayant de « mauvais fondamentaux » sont forcément faiblement valorisées : peu chères donc potentiellement plus rentables mais aussi plus risquées… Les entreprises avec de « très bons fondamentaux » sont valorisés par les marchés sur des prix élevés : très chères donc potentiellement moins rentables mais aussi moins risquées…

L’analyse fondamentale est très populaire dans les médias, sur Internet et largement utilisés par de nombreux gérants. Mais n’oubliez pas que l’investissement « value » n’est utile que si vous êtes sûr que la valeur intrinsèque d’une action est très différente de sa valeur cotée sur le marché, et qu’un jour ou l’autre, le marché finira par rattraper son erreur. Pensez-vous réellement être meilleur que le reste des acteurs du marché pour évaluer le bon prix d’une action d’entreprise ?

En résumé, l’investissement value consiste à choisir ses placements en fonction de la valeur intrinsèque qu’on leur accorde, valeur qui peut être très subjective.

L’investissement à partir de l’analyse technique (ou graphique)

L’analyse technique appelée aussi analyse graphique est une autre méthode très populaire sur Internet (mais beaucoup moins chez les professionnels) pour acheter et vendre des actifs. Elle consiste à analyser les graphiques des cours des actifs pour repérer des tendances, des « figures » qui se répètent, des « événements » particuliers, pour ensuite prendre position au bon moment.

L’analyse technique part du principe que tous les marchés financiers (peu importe le type de produit financier) sont soumis à la psychologie des investisseurs, et qu’on peut prédire avec une certaine précision les tendances en regardant les derniers cours des actifs, qui reproduisent régulièrement les mêmes « figures », peu importe le type d’actifs ou de marché.

De manière simple, l’analyse technique ou graphique consiste à acheter ou vendre au bon moment, en se basant sur l’évolution graphique des cours, et en extrapolant ces graphiques.

Il existe aussi une autre version de l’analyse technique qui s’appuie plutôt sur nombreux indicateurs mathématiques (moyennes mobiles, coefficients de variation, etc.) qui sont censés donner la tendance court terme des marchés. Ce type d’analyse technique est parfois utilisé par les algorithmes de trading automatique (ou bots traders). Mais tout comme l’analyse fondamentale, il y a une grande part de subjectivité dans l’interprétation des données, et l’efficacité scientifique de cette méthode reste à démontrer.

L’investissement « growth »

L’investissement « growth » consiste à placer son argent dans des entreprises à très fort potentiel de croissance, comme les startups. Ce type d’investissement est très rarement accessible aux investisseurs particuliers.

En effet, ces entreprises à fort potentiel de croissance ne sont généralement pas cotées en bourse : elles sollicitent directement des investisseurs institutionnels au travers des levées de fonds. On parle aussi de capital risque (venture capital) lorsqu’on investit dans des entreprises non cotées à fort potentiel. Notez qu’on parle aussi de manière plus générale de capital investissement (private equity) quand on investit dans des entreprises non cotées (à forte croissance ou non).

Si ce type d’investissement n’est pas accessible aux particuliers, c’est aussi une bonne chose car cela nécessite d’investir des sommes très importantes (plusieurs centaines de milliers d’euros à plusieurs millions) pour un risque énorme : la plupart des jeunes entreprises en forte croissance finissent par mourir ou être rachetées souvent à des prix très bas. On ne connait que celles qui ont réussi mais en réalité, la grande majorité resteront à jamais inconnues du grand public car elles n’auront pas survécu.

Néanmoins, il est possible pour un particulier de faire de l’investissement growth au travers de certains fonds qu’on peut acheter dans un PEA ou un compte-titres ordinaire, ou au travers de certaines entreprises spécialisées dans ce type d’investissement, comme le Groupe IDI (code FR0000051393, éligible aussi au PEA-PME).

Les stratégies « smart beta »

L’investissement « smart beta » regroupe un ensemble de méthodes d’investissement dont le but est de surperformer les indices boursiers en optimisant la pondération entre les différents actifs. L’idée du smart beta est de faire une sorte d’investissement passif « en mieux », sans les biais des indices boursiers. Le nom « smart beta » vient du symbole beta utilisé en finance pour quantifier le risque d’un actif. Chercher du « smart beta » consiste à améliorer la rentabilité de son portefeuille tout en maitrisant l’augmentation du risque associé.

En effet, l’idée derrière l’investissement smart beta est que les indices boursiers sont, presque tous, pondérés selon la capitalisation boursière, et donc cela introduit un biais car les grosses capitalisations sont sur-représentées et font l’essentiel de la performance de l’indice. Pour anecdote : le célèbre indice Dow Jones Industrial Average n’est pas pondéré selon la capitalisation boursière, mais selon le prix des actifs (ce qui n’a pas beaucoup de sens), pour des raisons surtout historiques car c’est un indice qui date de 1885 ! Et c’est aussi le cas du Nikkei 225, le célèbre indice boursier japonais.

Voici quelques exemples d’optimisation smart beta :

  • La stratégie Momentum part du principe que les entreprises qui ont surperformé les derniers mois vont continuer à le faire les mois suivants, et inversement pour les actions qui ont sous-performé. L’inconvénient de cette stratégie est qu’elle nécessite une rotation élevée des titres composants le tracker, et donc des frais de gestion plus importants.
  • La stratégie Facteur Qualité (exemple : AMUNDI MSCI EUROPE QUALITY FACTOR – LU1681041890) : ce tracker smart beta pondère les entreprises selon des critères quantitatifs liés à la qualité de l’entreprise (croissance, situation financière, perspectives, rentabilité, etc.).Cela ressemble un peu à un fourre-tout pour justifier des frais de gestion.
  • La stratégie Volatilité minimale (exemple : AMUNDI ETF MSCI EUROPE MINIMUM VOLATILITY FACTOR – LU1681041627) : cet ETF se base sur des critères de volatilité des actions, en recherchant les meilleurs ratios de performance/volatilité à partir des données historiques.
  • La stratégie Facteur Value (exemple : AMUNDI ETF MSCI EUROPE VALUE FACTOR – LU1681042518) : ce tracker smart beta va se baser sur la valorisation des entreprises et les pondérer en fonction. Si certaines études tendent à montrer que les entreprises sous-valorisées surperforment, cela peut prendre néanmoins beaucoup de temps et au prix d’une volatilité importante (vu que le risque est plus important sur ces entreprises qui n’attirent pas les investisseurs).
  • La stratégie Dividendes (exemple : AMUNDI ETF MSCI EUROPE HIGH DIVIDEND FACTOR – LU1681041973) : la stratégie consiste à privilégier et surpondérer les actions distribuant de forts dividendes. Néanmoins, à ce jour, rien n’a démontré la surperformance des entreprises qui donnent plus de dividendes.

A ce jour, les fonds smart beta n’ont pas réussi à démonter une surperformance durable et significative par rapport à l’investissement passif. Néanmoins, cette méthode d’investissement est récente (elle a commencé à émerger après la crise de 2008) et s’appuie sur des fondements relativement solides en mathématiques financières. Il reste encore à voir si, en pratique et sur le long terme, cela justifie les frais de gestion plus élevé que ceux de l’investissement passif classique.

L’investissement contrarien

L’investissement contrarien est une stratégie originale mais très efficace qui consiste à placer son argent à contre-courant des tendances populaires comme par exemple acheter des actifs en forte baisse, et vendre quand les actifs montent très rapidement.

Il faut savoir que de nombreux financiers et investisseurs célèbres ont construit leur fortune en se positionnant durant les plus grandes crises boursières (comme David Dreman, Warren Buffet, Charlie Munger, etc.). De même, les portefeuilles boursiers des particuliers qui ont le plus performés sont ceux qui ont été largement constitués durant les périodes de crise.

Etre contrarien pourrait se résumer à la célèbre citation de Warren Buffet (un des plus célèbres investisseurs qui a construit une grande partie de sa fortune en profitant des crises) : « il faut être craintif quand tout le monde est avide, et être avide quand tout le monde est craintif ».

Mais attention, pour modérer un peu cette stratégie, sachez qu’il est impossible de prévoir avec certitude quand une crise est au plus bas ou quand une bulle est au plus haut. De plus, beaucoup achètent quand les marchés commencent à s’effondrer, mais cela peut toujours descendre encore plus bas ! Comme dit le célèbre dicton : « on ne ramasse pas un couteau qui tombe ».

La stratégie « contrarien » reste donc une méthode assez subjective à mettre en œuvre.

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