Prix Nobel d’économie 2024 : quelques anecdotes
Chaque année, courant octobre, la Banque de Suède décerne son Prix en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Cette année, c’est Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson qui l’ont décroché pour leurs travaux sur la façon dont les institutions sont formées et affectent la prospérité. On surnomme abusivement cette récompense comme le Prix Nobel d’économie, même si Alfred Nobel n’a jamais voulu récompenser ce domaine. Voici quelques anecdotes autour de ce prix un peu particulier !
Sommaire
- Trois américains récompensés en 2024 par le « Nobel d’économie »
- Les particularités du Prix Nobel d’économie
Trois américains récompensés en 2024 par le « Nobel d’économie »
Cette année, ce sont trois chercheurs américains (deux du MIT et un de l’Université de Chicago) qui sont récompensés par le plus prestigieux prix en sciences économiques : Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson.
Leurs travaux portent sur la façon dont fonctionnent les institutions et les politiques gouvernementales, et comment cela impacte la richesse d’un pays et sa croissance économique. Vaste sujet et encore plus d’actualité en ce moment, surtout en France ! Daron Acemoglu et James Robinson sont notamment les auteurs du best-seller Prospérité, puissance et pauvreté : Pourquoi certains pays réussissent mieux que d’autres.
Pour résumer leurs recherches riches et denses, on pourrait simplifier en s’appuyant justement sur cet ouvrage majeur :
- Les pays prospères ont des institutions politiques et économiques qui sont inclusives et permettent à la population de limiter l’exercice du pouvoir, et à chacun d’exercer des activités économiques conformément à son choix et ses talents.
- De plus, l’innovation favorisée par ses institutions ouvertes, prônant l’initiative et l’entrepreneuriat, permet la « destruction créatrice des industries obsolètes ».
- Par contre, dans les pays plus pauvre, ce sont les institutions extractives qui permettent à une élite restreinte d’avoir un pouvoir politique quasi illimité. Cette même élite profite alors des institutions économiques pour extraire un maximum de richesses au dépens du reste de la population.
Les particularités du Prix Nobel d’économie
Le Prix Nobel d’économie est vraiment particulier pour deux raisons. Tout d’abord, c’est le seul prix Nobel qui ne soit pas dans le testament d’Alfred Nobel. D’ailleurs, la légende (non vérifiée formellement) dit qu’il haïssait cette discipline ! Il a été créé a posteriori par la Banque de Suède, une des plus anciennes banques centrales, pour favoriser la recherche en économie et en finance. C’est pour cela que le vrai nom de ce prix Nobel est en réalité le Prix en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel.
De plus, cette prestigieuse récompense a parfois été donné à des chercheurs dont les théories étaient très différentes voire contradictoires ! C’est le cas notamment de Friedrich Hayek et Gunnar Myrdal, tous les deux récompensés en 1974 et qui proposent deux visions opposées de l’économie !
En effet, pour simplifier, Hayek propose plutôt une théorie où les marchés doivent être laissés libres alors que Myrdal était plutôt keynésien dans le sens où l’intervention de l’Etat est indispensable pour atteindre l’optimum économique. Apparemment, Myrdal fut très contrarié face à ce partage du Nobel d’économie en 1974 : ils furent d’ailleurs en froid lors de la cérémonie de remise des prix à Stockholm.
Quand je vous dis que l’économie est loin d’être une science exacte ! On ne verra jamais une telle contradiction dans des recherches, dans les autres disciplines comme la Physique, la Chimie ou la Médecine !